Face à l’épidémie de Coronavirus qui sévit maintenant depuis un certain temps, nous avons fait un point sanitaire pour vous apporter un éclairage sur les options antiseptiques qui s’offrent à vous. Comme vous avez pu le constater, votre peau se détériore rapidement avec certains agents mais d’autres solutions existent afin de préserver ce capital indispensable dans votre métier.
1.LES CORONAVIRUS
Les coronavirus (du latin, virus à couronne), ou CoV, sont des virus à ARN monocaténaire correspondant à la sous-famille des Orthocoronaviridae. Ce sont des virus enveloppés, constitués
d’une enveloppe virale entourant une nucléocapside à symétrie hélicoïdale. Les coronavirus humains infectant l’humain sont : 229E, NL63, OC43, et HKU1. Une nouvelle forme de syndrome respiratoire, analogue au SRAS, est apparue à Wuhan (province du Hubei, Chine) début décembre 2019. La pneumonie de Wuhan est due à un nouveau coronavirus.
En janvier 2020, le virus a été nommé 2019-nCoV. Les coronavirus sont comme leur nom l’indique des virus enveloppés, les traitements antibiotiques
ou bactériophagiques, destinés aux infections bactériennes sont donc inefficaces.
2.EFFETS INDÉSIRABLES DE LA MALADIE COVID 19
Un aspect important des effets secondaires liés à la maladie du Covid 19 est confirmé par plusieurs études[1] qui mentionnent des engelures, atteintes cutanées douloureuses qui apparaissent en réaction au froid. Elles sont dues à des troubles de la micro-vascularisation cutanée, et se manifestent par des doigts rouges ou violacés, avec parfois la présence de petites cloques pouvant prendre un aspect nécrotique (peau morte). Leurs liens avec l’infection par le SARS-CoV-2, ont été évalués par une équipe de chercheurs de la cellule Covid du CHU de Nice[2]. Le CHU de Nice a examiné 40 patients souffrant d’engelures. Aucun d’entre eux n’avait présenté une forme grave de Covid-19 et la plupart étaient jeunes (âge médian de22 ans). S’ils avaient tous été cas contacts ou suspectés d’être infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 semaines précédant la consultation, le résultat de la recherche du virus (test PCR) était négatif pour l’ensemble de ces patients, et une sérologie positive n’a été retrouvée que chez un tiers d’entre eux. Des manifestations cutanées généralisées, comme des urticaires… peuvent apparaître
après une infection virale respiratoire, mais la survenue de réactions localisées de ce type est inédite, explique le Pr Thierry Passeron[2] qui a dirigé ce travail. Si la causalité entre les lésions cutanées et le SARS-CoV-2 n’est pas démontrée par cette étude, elle est malgré tout fortement suspectée, notamment parce que le nombre de patients présentant des engelures à cette époque de l’année dans cette région est particulièrement surprenant. De plus, il a été observé des regroupements de cas (plusieurs personnes simultanément atteintes d’engelures dans des familles) qui sont confirmées par des données de la littérature décrivant des éléments de causalité et qui confortent cette hypothèse. Le décryptage de l’étude de l’INSERM montre en clair que l’épiderme est plus intensément agressé depuis l’apparition de la pandémie
de Covid 19 :
⊕ la première agression est liée à la maladie elle-même qui semble affecter aussi l’épiderme,
⊕ la deuxième, par les gels hydroalcooliques qui accentuent le phénomène de dessèchement. Dans les deux cas, la problématique est liée à la dissolution et/ou à la raréfaction de la couche graisseuse qui protège l’épiderme.
3.CONSÉQUENCES DE LA PRÉSENCE DE L’ENVELOPPE LIPIDIQUE DES VIRUS ENVELOPPÉS SUR LES PROCÉDURES DE DÉSINFECTION
Une des conséquences majeures de la présence de l’enveloppe lipidique est qu’au contact d’un mélange d’eau / tensio-actifs (un savon par exemple) ou d’autres tensio-actifs comme les ammoniums (tensio-actifs polaires), proches chimiquement des lipides de la membrane du coronavirus, il se produit une réaction physicochimique aboutissant à la destruction de l’enveloppe du virus. Ceci a pour conséquence de neutraliser
le virus.
L’alcool, quand sa concentration est supérieure à 60 %, agit différemment en détériorant les protéines de la couronne du virus et en affaiblissant la cohésion de la membrane. Ces deux modes de fonctionnement sur les virus enveloppés sont confirmés par Pall Thordarson[4], responsable du département de chimie de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) qui démontre que « gels hydroalcooliques et savons sont tous les deux efficaces ».
4.LA DÉSINFECTION COURANTE DES MAINS
La désinfection des mains, qu’elle soit effectuée dans un cadre hospitalier ou à titre privé doit être effectuée de façon correcte pour être efficace. Donc il est important de connaître 2 principes :
FAUX : Une pratique généralisée de désinfection des mains avec des gels hydroalcooliques consiste à appliquer le gel sur les mains et à se frotter les mains jusqu’à ce qu’elles soient sèches (20 à
30 secondes). Les utilisateurs peuvent penser que dès que les mains sont sèches, elles sont désinfectées, ce qui est faux.
VRAI : Les recommandations de l’OMS[5], du SF2H [6] et les études indiquent que le temps de contact entre les produits désinfectants et les mains doit être de 1 minute. Les gels hydroalcooliques doivent donc être appliqués 2 fois minimum pour respecter ce protocole. De même, les personnes qui se lavent les mains avec un savon, ne le font pas assez longtemps (11 secondes en moyenne selon le Docteur Charles Gerba, professeur de microbiologie à l’Université de l’Arizona (États-Unis))[8].
4.1. Ce qu’il faut faire
Il est nécessaire d’augmenter le temps de contact des gels hydroalcooliques avec les mains et/ou se laver les mains plus longtemps et/ou utiliser des solutions alternatives qui respectent le temps de contact pour la désinfection des mains. Pour les gels hydroalcooliques, cela suppose qu’ils soient appliqués au moins 2 fois de suite et quelquefois 3 fois si le temps de séchage est trop rapide. Cette constatation est lourde de conséquences en terme de pratique mais impacte aussi directement le coût réel unitaire de la désinfection. Sur le plan dermatologique, le contact prolongé de l’alcool sur la peau provoque une attaque de la couche lipidique censée protéger les mains saines. Il s’ensuit un dessèchement et une agression facilitée de l’épiderme par les bactéries et virus de toute sorte d’où une nécessité absolue de reconstituer l’épiderme fragilisé.
5. LES PRODUITS ANTISEPTIQUES SANS ALCOOL, UNE SOLUTION ?
Les gels et solutions antiseptiques sans alcool présentent une alternative valable au problème de dessèchement tout en préservant la couche épidermique. Cette affirmation est confortée par des tests de laboratoire menés par le laboratoire Phyto-Elan France[7] et des études menées par des chercheurs de l’Université Brigham Young (États-Unis)[10] qui révèlent que les désinfectants pour les mains sans alcool seraient tout aussi efficaces pour désinfecter les surfaces que les produits à base d’alcool. Pour cette étude, les chercheurs ont comparé des désinfectants à base d’alcool, des produits avec du chlorure de benzalkonium (couramment utilisé dans les désinfectants pour les mains sans alcool) et plusieurs autres composés d’ammonium quaternaire régulièrement utilisés dans la désinfection. Dans la majorité des tests, les différents composés ont éliminé au moins 99,9% du virus en 15 secondes. Dans son étude, Benjamin Ogilvie [9] indique que le désinfectant pour les mains sans alcool utilisé fonctionne tout aussi bien pour contrôler le Covid. Ces produits présentent un certain nombre d’avantages et permettent également de lutter contre les virus du rhume et de la grippe. Le chlorure de benzalkonium peut être utilisé à des concentrations beaucoup plus faibles et ne provoque pas la sensation familière de brûlure que vous pourriez connaître en utilisant un désinfectant pour les mains à base d’alcool.
EN RÉSUMÉ
La maladie liée au Covid 19 induit un grand nombre d’effets secondaires qui ne sont pas encore tous connus et étudiés. L’un d’entre eux est une sensibilité accrue aux engelures et un dessèchement de l’épiderme. Cet effet vient se cumuler avec le dessèchement provoqué par la désinfection avec les gels hydroalcooliques qui altérèrent la couche lipidique de la peau et génèrent des crevasses rendant encore plus perméable l’épiderme censé protéger des intrusions comme les virus et bactéries. Cet effet va donc à l’encontre du but recherché initialement. Des alternatives à la désinfection avec alcool sont disponibles et tout aussi efficaces, notamment les produits à base d’ammoniums qui n’ont aucun effet sur la structure lipidique de l’épiderme.